Article de l'Union le 09/01/2012 : Partie Aisne

(Aisne). Devant la facture d'eau, les Axonais ne sont pas tous logés à la même enseigne. Les habitants de Trélou-sur-Marne en font l'amer constat.

Il est à peu près aussi simple de dresser un comparatif du prix de l'eau entre plusieurs communes que de mettre en parallèle les garanties proposées par les complémentaires santé. Ce que le consommateur voit, c'est le chiffre en bas de la facture et là, incontestablement, les Axonais ne sont pas tous égaux. Chaque distributeur, qu'il soit privé ou public, met en effet des services et produits différents dans le prix du m3 et de l'abonnement. Pour autant la loi prévoit que chaque citoyen puisse accéder aux informations sur l'eau qui coule de son robinet : prix, qualité, performance du service... C'est pour répondre à cette nécessité que l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) a lancé en 2008 l'observatoire de l'eau. Son objectif est de réaliser une base de données accessible à tous (lire par ailleurs). Aujourd'hui, seules 5 % des collectivités l'ont renseignée malgré leur obligation légale. Pour les principales villes du département, pour une facture représentant une consommation de 60 m3 sur six mois, sur le site de l'un des opérateurs et selon les données recueillies auprès des mairies et services de distribution, le prix du m3 d'eau TTC s'affiche ainsi, entre 4 et 5,50 euros. Mais rien de similaire derrière ces chiffres puisque la facture se décompose de manière différente d'une ville à l'autre. Car, rappelle-t-on chez Veolia, « le prix de l'eau est local et dépend de nombreux facteurs, notamment le coût d'investissement des installations et la stratégie de renouvellement des équipements par la collectivité concernée ; les nécessités de mises aux normes imposées par la réglementation, notamment pour l'assainissement ; les coûts d'exploitation liés à la complexité des ouvrages, à la topographie du secteur, à l'étendue du service, aux prestations rendues.»

Des chiffres disparates

La disparité est donc bel et bien au rendez-vous. Ainsi, à Chauny par exemple, sur la base d'une facture de consommation de 60 m3 sur six mois, abonnement compris, le prix se décompose ainsi : eau : 1,31 euro, assainissement collectif : 3,26 euros, organismes extérieurs (comme l'Agence de l'eau par exemple) : 0,74 euro, soit un prix global de 5,31 euros. 

Pour expliquer ces différences parfois conséquentes, Veolia souligne qu'à Chauny, il a fallu procéder à une mise aux normes de l'assainissement et que deux nouvelles stations d'épuration ont été construites en 2010. À Château-Thierry, c'est la nécessité de traiter l'eau par déferrisation, démanganisation et son adoucissement avant mise en distribution qui justifient le coût de 2,91 euros. À La Fère, il a fallu installer un surpresseur afin d'alimenter toute la commune avec une pression suffisante, ce qui est plus onéreux qu'une alimentation par un réservoir. Mais au final, « c'est toujours la collectivité qui fixe le prix », assure-t-on à La Lyonnaise des Eaux, l'un des grands opérateurs du secteur, délégataire du service à Soissons et Laon.

Au regard de tous ces chiffres, certains Axonais se diront certainement qu'ils sont plus chanceux que d'autres. Mais le prix de l'eau est comme une épée de Damoclès qui risque de s'abattre sur la tête de chaque consommateur du jour au lendemain. Et la tendance toujours haussière ne risque pas de s'inverser.

Source et dossier : Elisabeth EHRMANN
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/carte-tres-chere-eau